Nicolas le Valois d’Escoville achète en 1531 un ensemble de maisons de la rue au Change, principal axe reliant le Châtelet où se trouve la maison de ville au carrefour Saint-Pierre (aujourd’hui place Saint-Pierre). Ces habitations sont rasées et à leur place sont construits quatre bâtiments entourant une cour richement décorée dans le goût italianisant de la Renaissance.
Son fils Louis, vicomte de Caen, hérite de la demeure familiale. Il n’y habite pas et préfère le donner à bail ; des boutiques ouvrent alors sur la rue au Change. À partir de cette époque, la ville de Caen loue épisodiquement les grandes salles de l’hôtel pour organiser des cérémonies publiques ou accueillir des hôtes de marque. En 1603, son frère, Jean le Valois d’Escoville, vend l’hôtel à Guillaume Moisant, riche marchand rouennais ayant prospéré grâce au commerce drapier. Son fils, Jacques Moisant de Brieux, prend ensuite l’habitude d’accueillir les jours de pluie un groupe de gens cultivés qui se donnent rendez-vous tous les lundis sur la place Saint-Pierre où arrive la poste en provenance de Paris. Au cours du temps, ces rendez-vous où l’on s’entretient des affaires publiques sont institutionnalisés et en 1652, l’Académie des Arts et des Belles-Lettres de Caen est créée. Jusqu’en 1685, les séances de l’académie se tiennent dans la plus belle salle de l’hôtel.
Les propriétaires successifs n’occupent qu’une partie des bâtiments. Le reste est loué par la ville pour y loger les grands dignitaires de passage ou les représentants du roi, tel que Charles de Matignon, lieutenant-général de Normandie. En 1693, la municipalité commence à louer une partie de l’hôtel pour abriter ses services à l’étroit dans le Châtelet. En 1733, les échevins achètent l’aile droite de l’hôtel et les services municipaux s’y installent progressivement à partir de 1736, l’aile droite de l’hôtel d’Escoville devient la maison de ville. Entre 1733 et 1755, le reste de l’hôtel est ensuite vendu par lot. Ainsi le corps de logis donnant sur la place est cédé en trois lots (les numéros 6, 8 et 10 place Saint-Pierre). Catherine Moisant vend en 1755 l’aile gauche de l’hôtel à la ville afin d’y aménager la juridiction consulaire. Ce projet échoue et c’est finalement le service de la poste qui s’y installe à la Révolution française avant que le bâtiment ne soit revendu à nouveau le 29 septembre 1796. Cette aile est ensuite transformée en magasin. Après le départ de la municipalité pour le séminaire des Eudistes (place Royale) en 1792, l’aile droite est occupée par la bourse de commerce, la chambre de commerce de Caen, le tribunal de commerce et le conseil des Prud’hommes. En 1821, une salle d’audience est construite dans la partie droite du jardin.
L’hôtel est sévèrement endommagé lors de la bataille de Caen en 1944 ; la cour intérieure subsiste, bien que très abîmée, mais la façade sur la Place Saint-Pierre ainsi que le mur extérieur de l’aile sud sont pulvérisés. Pendant presque quinze ans, de nombreux projets sont présentés par plusieurs architectes, le projet classique de Charles Dorian étant préféré à la façade moderne proposée par Paul Binet. Les divergences très fortes entre les différents acteurs de la Reconstruction sur la réhabilitation de l’hôtel d’Escoville sont particulièrement représentatives de l’épreuve de force qui oppose, tout au long de la Reconstruction, mairie, Monuments historiques, ministère de la Reconstruction, commerçants et sinistrés. Le bâtiment est restauré vers 1960.
In 1531, Nicolas le Valois d’Escoville bought a set of houses on Rue au Change, the main axis linking the Châtelet where the townhouse is located at the intersection of Saint-Pierre (now St. Peter’s Square). These houses are razed and in their place are built four buildings surrounding a courtyard richly decorated in the Italianate taste of the Renaissance. His son Louis, Viscount of Caen, inherited the family home. He does not live there and prefers to lease it; shops then opened on the street at Le Change. From that time on, the city of Caen periodically rented the hotel’s large rooms to hold public ceremonies or welcome distinguished guests. In 1603, his brother, Jean le Valois d’Escoville, sold the hotel to Guillaume Moisant, a wealthy Merchant from Rouen who had prospered thanks to the drapery trade. His son, Jacques Moisant de Brieux, then made a habit of welcoming a group of cultured people on rainy days who met every Monday in St. Peter’s Square, where the post office from Paris arrived. Over time, these meetings where public affairs were discussed were institutionalized and in 1652, the Academy of Arts and Beautiful Letters of Caen was created. Until 1685, the academy’s sessions were held in the most beautiful room of the hotel. Successive owners occupy only part of the buildings. The rest is rented by the city to house the great visiting dignitaries or representatives of the king, such as Charles de Matignon, lieutenant-general of Normandy. In 1693, the municipality began renting part of the hotel to house its cramped services in the Châtelet. In 1733, the aldermen bought the right wing of the hotel and the municipal services gradually settled there from 1736, the right wing of the Escoville Hotel became the townhouse. Between 1733 and 1755, the rest of the hotel was then sold in batches. Thus the body of dwellings overlooking the square is sold in three lots (numbers 6, 8 and 10 St. Peter’s Square). Catherine Moisant sold the left wing of the hotel to the city in 1755 to arrange consular jurisdiction. This project failed and it was finally the postal service that settled there during the French Revolution before the building was resold on September 29, 1796. This wing is then converted into a store. After the departure of the municipality for the seminary of the Eudists (Royal Square) in 1792, the right wing was occupied by the trading stock exchange, the Chamber of Commerce of Caen, the Commercial Court and the Council of the Prud’men. In 1821, a courtroom was built in the right side of the garden. The hotel was severely damaged during the Battle of Caen in 1944; the inner courtyard remains, although very damaged, but the façade on St. Peter’s Square and the exterior wall of the south wing are pulverized. For almost fifteen years, many projects were presented by several architects, the classic project of Charles Dorian being preferred to the modern façade proposed by Paul Binet. The very strong differences between the various actors of the Reconstruction on the rehabilitation of the Escoville hotel are particularly representative of the showdown that pits, throughout the Reconstruction, town hall, historic monuments, Ministry of Reconstruction, traders and disaster victims. The building was restored around 1960.