21 mai 1810 : le projet d’accueillir Napoléon Ier entre dans sa première phase. Le maire de Caen reçoit une lettre du nouveau préfet du Calvados, le baron Méchin. Le préfet demande « à ce que le conseil municipal se réunisse d’urgence, pour envisager l’accueil de l’Empereur dans une réception digne d’une des principales cités de l’empire ».
La rumeur enfle et le conseil municipal s’exécute. À la suite de la réunion, le ministre de l’Intérieur est prié d’exprimer des sentiments de respect et d’amour des habitants caennais au monarque.
De longs mois passent et la ville de Caen est sans nouvelles de Napoléon. Il n’a pas répondu aux voeux et n’a donné aucune date de sa venue.
Une délégation avec trois membres de l’ancienne noblesse part à la rencontre de l’empereur. Arrivée le 10 février 1811, elle est reçue par Napoléon, accompagné de ses disciples. « J’ai le projet de venir visiter votre département. C’est le premier voyage que je me propose de faire. »
En réalité, Napoléon doute de l’affection normande. Il a toujours vu la Normandie comme une région n’acceptant pas son gouvernement : « Les habitudes d’esprit tiennent toujours un peu pour l’Ancien régime, parce qu’ils n’ont pas d’imagination. » L’empereur est orgueilleux et veut montrer son emprise dans les régions qu’il considère réfractaires. Après avoir fait attendre les Caennais, il finit par envoyer une lettre au préfet le 17 mai 1811. Il arrivera à Caen le 20, au soir.
Le baron Méchin s’est vu poser un lapin par l’empereur le 20 mai. Le 21, le préfet retente sa chance et décide d’accueillir ses souverains à l’entrée de son département. Toujours rien. Seulement un courrier, qui ordonne un nouveau délai pour l’arrivée de Napoléon.
En rentrant à Caen, Méchin découvre avec surprise la présence du ministre de l’Intérieur : le comte de Montalivet. Pas d’empereur. Un ministre est présent : la ville de Caen s’organise pour lui offrir à dîner. Seulement, cette visite impromptue est en réalité un leurre, mis en place par Napoléon.
Le dîner est un festin, le baron Méchin est persuadé d’accueillir l’empereur le lendemain. À 23 h, un courrier traverse la ville de Caen au galop. Napoléon et son épouse arrivent dans trois quarts d’heure. Un « sauve-qui-peut général » est alors enclenché, sous le regard amusé du ministre de l’Intérieur, au courant de cette manigance. Tout le monde court à son poste de manière précipitée.
À 23 h 45, Napoléon arrive. Le maire envoie le receveur aller à sa rencontre, des clefs d’or et d’argent, destinées aux souverains, dans la main.
Les tambours résonnent dans la ville, les habitants sont invités à lancer du sable sur les pavés. « Vive l’empereur, Vive l’impératrice ! » s’exclament les habitants. Napoléon s’arrête dans la rue Guilbert, où les hôtels Dufresne et Hautefeuilles sont réunis pour former un palais impérial. Il passe trois jours dans la ville, avant de la quitter pour Cherbourg, le 25 mai 1811.
May 21, 1810: The plan to welcome Napoleon I enters its first phase. The mayor of Caen receives a letter from the new prefect of Calvados, Baron Méchin. The prefect asked « that the city council meet urgently, to consider welcoming the Emperor to a reception worthy of one of the main cities of the empire. » The rumor swells and the city council runs. Following the meeting, the Minister of the Interior is asked to express feelings of respect and love from the inhabitants of Caen to the monarch. Long months passed and the city of Caen was without news of Napoleon. He did not respond to the vows and gave no date for his arrival. A delegation with three members of the former nobility goes to meet the emperor. Arriving on February 10, 1811, she was received by Napoleon, accompanied by his disciples. « I plan to visit your department. This is the first trip I intend to make. » In reality, Napoleon doubts Norman affection. He has always seen Normandy as a region that does not accept his government: « The habits of mind always hold a little for the Old Regime, because they have no imagination. » The emperor is proud and wants to show his hold in the regions he considers refractory. After waiting for the Caennais, he finally sent a letter to the prefect on 17 May 1811. He’ll arrive in Caen on the 20th, in the evening. Baron Mechin was asked by the emperor on 20 May. On the 21st, the prefect tried again and decided to welcome his sovereigns at the entrance of his department. Still nothing. Only a letter, which orders a new deadline for Napoleon’s arrival. On his way back to Caen, Méchin discovered with surprise the presence of the Minister of the Interior: the Count of Montalivet. No emperor. A minister is present: the city of Caen organizes to offer him dinner. Only, this impromptu visit is actually a decoy, set up by Napoleon. Dinner is a feast, Baron Méchin is persuaded to welcome the emperor the next day. At 11 p.m., a courier crosses the town of Caen at a gallop. Napoleon and his wife arrive in three quarters of an hour. A « save-who-general » is then engaged, under the amused gaze of the Minister of the Interior, aware of this shenanigans. Everyone runs to their posts in a hurry. At 11:45 p.m., Napoleon arrives. The mayor sends the receiver to meet him, gold and silver keys, intended for the sovereigns, in the hand. Drums echo in the city, locals are invited to throw sand on the cobblestones. « Long live the emperor, long live the Empress! » exclaimed the inhabitants. Napoleon stops in Guilbert Street, where the Dufresne and Hautefeuilles hotels are gathered to form an imperial palace. He spent three days in the city, before leaving for Cherbourg on 25 May 1811.