En 1635-1637, la ville lance une importante opération d’urbanisme consistant à aménager une grande place carrée entourée de maisons construites en pierre de taille sur un alignement déterminé. Chaque maison doit compter trois étages au-dessus du rez-de-chaussée et doit être surmontée d’un grand toit ; toutes les quatre fenêtres, la toiture doit être percée de deux lucarnes jumelées sous un fronton. Ce nouvel espace urbain a l’avantage de combler le vide entre la paroisse Notre-Dame et la paroisse Saint-Jean en offrant par la même occasion une nouvelle voie de circulation pour désengorger le pont Saint-Pierre. L’espace public ainsi formé est appelé place de la Chaussée, en référence à la chaussée Saint-Jacques qui en constitue la bordure orientale. Entre 1640 et 1680, les maisons s’élèvent lentement sur les côtés est, nord et sud de la place. Il s’agit surtout d’hôtels particuliers. Afin de clore définitivement la place, son côté ouest est attribué à Jean Eudes en 1658 afin de construire le séminaire des Eudistes. La construction est terminée en 1703 et marque l’achèvement du lotissement de la place. En 1679, la grande place prend officiellement le nom de place Royale. En 1685, une grande fête solennelle est organisée pour l’inauguration d’une statue de Louis XIV placée au centre de la place
La place est l’une des adresses les plus prisée des notables. En 1740, l’espace central est semé de gazon et sur son pourtour sont plantés des tilleuls. En 1767 les rues entourant la place et les allées la traversant sont pavées. Afin d’assurer la tranquillité des riches habitants, un garde municipal est chargé de déloger « les fainéants, vagabonds et décrotteurs. Les richesses concentrées sur la place Royale ne sont pas sans attiser les crispations sociales. La place est ainsi le théâtre d’une des plus violentes émeutes de l’Ancien Régime à Caen. Du fait de sa taille importante au cœur d’une ville densément peuplée, la place est aussi un lieu de prédilection pour la célébration des cérémonies publiques. Les militaires peuvent y parader ; les processions qui sillonnent régulièrement la cité y font également étape. Elle est aussi régulièrement occupée par des spectacles forains et on y tire des feux d’artifice.
Le 3 juillet 1791, la statue de Louis XIV est détruite et la place prend le nom de place de la Liberté. Après la Révolution, le quartier devient le centre politique et administratif de la ville. En 1792, la municipalité installe l’hôtel de Ville dans le Séminaire des Eudistes. Elle reprend ensuite son ancien nom (Place Royale).
Une nouvelle statue en bronze de Louis XIV est inaugurée en 1828. En 1882, il est décidé de rebaptiser le lieu et de déplacer la statue de Louis XIV afin d’effacer le souvenir de toutes « les oppressions et des tyrannies » imputées à la monarchie. Le projet provoque un scandale qui dépasse les limites de la capitale bas-normande ; la presse parisienne s’en fait les échos et même The Times participe à la polémique. La Place Royale devient place de la République en août 1882 et la statue de Louis XIV est déplacée au mois de septembre devant le parc du lycée Malherbe, alors installé dans l’abbaye aux Hommes. En 1883, elle est remplacée par un kiosque à musique construit au milieu de la place de la République transformée en square. Sous prétexte qu’ils empêchent la lumière de passer et provoquent ainsi l’insalubrité des bâtiments bordant la place, les vieux arbres ceinturant la place sont coupés, à l’exception de ceux qui se trouvaient du côté nord.
En 1932, deux nouveaux accès sont percés à l’ouest de la place selon un axe nord-sud entre la rue Saint-Pierre et l’actuel boulevard Maréchal Leclerc : rue Paul-Doumer.
Le 7 juin 1944, la place est durement frappée par les bombardements aériens ; l’hôtel de ville est en grande partie détruit. Le 13 juin, la place est à nouveau touchée ; l’hôtel de la Place Royale, le café de l’Hôtel de Ville et les immeubles de la rue du Moulin partent en flamme. Le dernier bombardement aérien des Alliés, le 7 juillet, détruit ce qu’il reste de l’hôtel de ville. Après avoir été déblayée, la place de la République est occupée, dans sa partie est, par « le Village nègre », véritable centre commercial provisoire dont le dernier stand n’est abattu qu’en 1959. Une partie du côté nord de la place et la totalité du côté est doivent être reconstruits ; à l’ouest, l’Hôtel de Ville n’est plus qu’un champ de ruines. Sa reconstruction sur son emplacement original est programmée par Marc Brillaud de Laujardière dès 1945, mais son projet déposé en 1949 est rejeté par le Conseil municipal. Après de longs débats, on abandonne en 1952 l’idée de reconstruire l’Hôtel de Ville et la municipalité s’installe dans l’abbaye aux Hommes en 1964.
In 1635-1637, the city launched a major urban planning operation consisting of the development of a large square square surrounded by houses built of cut stone on a certain alignment. Each house must have three floors above the ground floor and must be topped by a large roof; all four windows, the roof must be pierced with two twin skylights under a pediment. This new urban space has the advantage of filling the gap between Notre-Dame Parish and St. John’s Parish by offering a new traffic lane to relieve congestion on the St. Peter’s Bridge. The public space thus formed is called the Place de la Chaussée, in reference to the St. James’s road, which forms its eastern edge. Between 1640 and 1680 the houses slowly rise on the east, north and south sides of the square. These are mainly private hotels. In order to close the square once and for all, its western side was assigned to Jean Eudes in 1658 in order to build the seminary of the Eudists. Construction was completed in 1703 and marked the completion of the subdivision of the square. In 1679, the main square officially bees called Place Royale. In 1685, a large solemn feast was organized for the inauguration of a statue of Louis XIV placed in the center of the square The square is one of the most popular addresses of the notables. In 1740, the central space was strewn with grass and on its edges were planted with lime trees. In 1767 the streets surrounding the square and the alleys through it were paved. In order to ensure the tranquillity of the rich inhabitants, a municipal guard is responsible for dislodging « the lazy, vagrants and decitics. The wealth concentrated on the Place Royale is not without stoking social tensions. The square is thus the scene of one of the most violent riots of the Old Regime in Caen. Due to its large size in the heart of a densely populated city, the square is also a favorite place for the celebration of public ceremonies. The military can parade there; the processions that regularly criss-cross the city are also a stop. It is also regularly occupied by fairground shows and fireworks are fired. On July 3, 1791, the statue of Louis XIV was destroyed and the square took the name of Place de la Liberté. After the Revolution, the district became the political and administrative center of the city. In 1792, the municipality installed the Town Hall in the Seminary of the Eudists. It then takes up its old name (Place Royale). A new bronze statue of Louis XIV was inaugurated in 1828. In 1882, it was decided to rename the place and move the statue of Louis XIV in order to erase the memory of all the « oppressions and tyrannies » attributed to the monarchy. The project provoked a scandal that goes beyond the limits of the Lower Normandy capital; the Parisian press echoes it and even The Times participates in the controversy. The Place Royale became Place de la République in August 1882 and the statue of Louis XIV was moved in September in front of the malherbe high school park, then installed in the abbey aux Hommes. In 1883, it was replaced by a bandstand built in the middle of the Place de la Republique, which had been transformed into a square. Under the pretext that they prevent light from passing and thus cause the unsanitary buildings bordering the square, the old trees surrounding the square are cut down, except those on the north side. In 1932, two new entrances were pierced to the west of the square on a north-south axis between Saint-Pierre Street and the present-day Maréchal Leclerc Boulevard: Rue Paul-Doumer. On 7 June 1944, the square was hit hard by aerial bombardments; The town hall is largely destroyed. On June 13, the square was hit again; The Hotel de la Place Royale, the café of the Hôtel de Ville and the buildings on Rue du Moulin go up in flames. The last Allied air bombardment, on 7 July, destroyed what was left of City Hall. After being cleared, the Place de la République is occupied, in its eastern part, by « the Negro Village », a real temporary shopping centre whose last stand was not shot down until 1959. Part of the north side of the square and the entire east side are to be rebuilt; to the west, The Town Hall is now a field of ruins. Its reconstruction on its original site was planned by Marc Brillaud de Laujardière as early as 1945, but his project was rejected in 1949 by the City Council. After much debate, the idea of rebuilding the Town Hall was abandoned in 1952 and the municipality moved to the Men’s Abbey in 1964.